Philippe Cocu, en accord avec lui-même
Publié le lundi 18 juillet 2011 à 11H00 - Vu 83 fois
Philippe Cocu continuera à enseigner au conservatoire de Charleville-Mézières.
RETHEL (Ardennes) Directeur de l'Harmonie et de l'école de musique, Philippe Cocu a choisi de partir. Une décision compliquée au regard des solides amitiés nouées pendant deux décennies.
Souvenirs.
PHILIPPE Cocu, trompettiste et professeur passionné, né à Charleville en 1964. Barbe blanche massive, enthousiasme d'adolescent, éclats de rires de bon vivant. S'il parle de ses partenaires,
des gens qu'il a aimés, il ne mentionne que leur élégance, leur classe. Alors jeune adolescent, l'inclassable Médéric Collignon a compté parmi ses élèves, au conservatoire de Charleville-Mézières.
La dernière fois que ces deux-là se sont croisés, ils ont refait le monde jusqu'au petit jour. « Trois jours pour m'en remettre, soupire Philippe Cocu. De voir ce que Médéric est devenu, c'est de
la jubilation, en aucun cas une fierté personnelle. Il a su exploiter ses talents, c'est lui qui joue. Comme lorsqu'une salade pousse dans mon jardin, j'éprouve de la joie, voilà tout ».
Fin juin, Philippe Cocu a officialisé son départ de l'Harmonie municipale de Rethel - et son école de musique, 180 adhérents tout de même - qu'il dirigeait depuis 1991. « J'ai envie de penser un
peu à moi, me concentrer à nouveau sur mon métier de trompettiste […] Une page se tourne mais le livre n'est pas fini », confie-t-il.
Cela se fera dans le cadre de l'Ensemble de trompettes des Ardennes qu'il a créé en 1989. Il continuera également à enseigner la trompette au conservatoire de Charleville, ce qu'il fait depuis
1974.
Stopper ses activités rethéloises n'a pas été chose facile. Cela faisait pourtant quelques années qu'il y songeait. Un peu trop de paperasse pour ce cumulard. Mais les rapports entretenus avec ses
musiciens et ses élèves le poussent à continuer. « J'ai comme l'impression de quitter une famille. Sur le plan humain, ce départ me coûte ».
« L'harmonie, c'est un joli mot »
Il raconte sa vie avec l'Harmonie. Le petit monde constitué par une trentaine de musiciens aux capacités forcément inégales, âgés de 10 à 87 ans. Leur diversité socioculturelle allant du collégien
au gendarme retraité en passant par le cheminot. Parmi tous ces vivants, six sont morts. « Se raconter nos vies, cela faisait aussi partie du jeu. L'harmonie, c'est quand même un joli mot ».
Pendant deux décennies, il y a aussi le contentement sans cesse renouvelé lorsqu'en répétition, l'ensemble « tourne tout rond » : décrochages incongrus, accélérations soudaines, virages sur l'aile,
rendez-vous au micron de seconde près. « La musique, c'est outil pour la construction des gens », assure-t-il. A l'écouter, on saisit que mener un big band à la baguette, fut-elle de chef
d'orchestre, ne s'apprécie pas comme on se paie une glace à la fraise : jouer en collectif, c'est entrer en expérience, mesurer soudain la gravité et l'attente joyeuse qu'imprime la musique.
La boîte à souvenirs s'ouvre : « Une année, à Yvetaux, on avait remporté un concours d'Harmonies - catégories amateurs. Notre secrétaire, qui venait de perdre son mari peu de temps avant, n'en
revenait pas : « On a gagné ! On a gagné ! » C'était sûrement sa première joie depuis la mort de son mari. Son sourire était beau à voir. ça nous avait marqués ».
Philippe Cocu jouera encore à la fin du mois, lors de la Sainte-Anne, avec l'Harmonie. Puis, le lundi suivant, en maison de retraite et milieu hospitalier. « Sans doute un bon lieu pour boucler la
boucle. »