Qui est le corbeau ? !
Deux sociétés s'intéressent à Bourcq pour implanter des éoliennes.
BOURCQ (Ardennes). Comment se prononcer sur l'implantation d'éoliennes lorsqu'on est à la fois conseiller municipal et propriétaire de terres pouvant accueillir des mâts ? A Bourcq, on se pose la question.
C'est un bouleversement dans le paysage. On ne vous parle pas ici d'une éolienne, mais de la loi Brottes, publiée au Journal Officiel du 16 avril 2013. Pour soutenir un secteur d'activité en perte de vitesse, le texte modifie en profondeur le cadre législatif de cette énergie renouvelable.
Ainsi, il contient la suppression des Zones de développement éolien (ZDE) et la fin de l'exigence qu'un parc contienne au moins cinq mâts. Le but : libérer de nombreux projets, notamment dans le Grand-Ouest. Mais pas seulement. À Bourcq, une situation particulière nous a été rapportée par le biais d'un courrier malheureusement anonyme. Ou plutôt signé par « un déçu d'un système non équitable pour tous. »
Le problème que pose l'auteur : « Le lobbying entre installateurs d'éoliennes, maires et agriculteurs ». Il raconte que le maire de Bourcq, un temps opposé à l'éolien, serait en train de retourner sa veste pour pousser un projet concernant ses propres terres et celles de son adjoint.
« L'implantation de ces machines a-t-elle été réfléchie d'un point de vue technique […], économique, ou en fonction du positionnement des parcelles de telle ou telle personne ? » demande notre lecteur, qui semble avoir une idée sur la question.
Pour y voir plus clair sur ce possible conflit d'intérêts, nous avons posé ces questions au maire de Bourcq. « Jusqu'ici, Bourcq n'était pas en ZDE, mais la loi Brottes a changé les choses, explique Mathieu Bouillon. J'ai appris l'existence de ce texte lorsque deux sociétés ont contacté la mairie. Je précise qu'elles ne sont pas obligées d'avoir l'aval du conseil. Mais elles préfèrent jouer la transparence. »
« La fiscalité, ça ne fait pas de mal »
Lors de plusieurs rendez-vous, pendant lesquels le maire prend toujours soin d'être accompagné par un conseiller, chacune des sociétés expose ses plans, plus ou moins. « L'une a désigné les terrains qui l'intéressaient, dont un qui me concerne, c'est vrai. Par souci d'équité, j'ai demandé si une troisième ligne de mâts pouvait être ajoutée dans le projet. L'autre société, qui ne s'intéresse pas à la même zone, n'a pas donné d'implantation », précise l'élu qui mise lui aussi sur une transparence totale.
C'est pourquoi il a organisé un exposé des deux projets en conseil municipal. « Je vais vous dire, j'ai même écrit à la sous-préfecture pour demander qui pouvait voter, et comment. Il y a trois agriculteurs dans le conseil, donc il faut faire les choses correctement. »
S'il attend encore la réponse à son courrier, Mathieu Bouillon prévient : « Mon intention, c'est de demander dans un premier temps si le conseil est pour ou contre l'éolien. Si c'est contre, on ne se prononcera pas sur les projets. »
Le maire se montre étonné que l'auteur du courrier adressé à notre rédaction fasse allusion à son propre positionnement par rapport à l'éolien. « Je ne me suis jamais prononcé. C'est vrai que j'ai eu des problèmes avec le raccordement du parc de seize éoliennes de Leffincourt, qui passait par la commune, mais c'est différent. Il y a une éolienne de ce parc qui est située sur le territoire de Bourcq. Ca rapporte quelque chose comme 5.000 euros en termes de fiscalité. Ça ne fait pas de mal, quand on a une église qui menace de s'effondrer. »
Jacques BERTHION
